
Médicalement peu lucratif
Les démêlés du docteur Colombera avec la justice ont défrayé la chronique il y a trois ans. Celui qui était alors député et appartenait encore à l’ADR était traduit pour avoir prescrit du cannabis à usage médical à une vingtaine de ses patients. Malgré l’activisme forcené du député pour ces substances, l’Etat est toujours resté assez ferme: la prescription ou la délivrance d’opiacés à titre medical restait interdite au Luxembourg. Et le Docteur Cannabis s’en est tiré avec une suspension de prononcé.
Depuis les législations se sont détendues dans certains pays et le cannabis récréatif est parfaitement légal dans plusieurs Etats américains et en Uruguay. Au Grand-Duché, pourtant il n’ y a pas eu d’avançée spectaculaire.
“ Rien n’a change”, analyse Jean Colombera. “Tout au plus un medicament, le SATIVEX, à base de THC, le principe psychoactif du cannabis, est-il entré dans la nomenclature”.
Sans être remboursé. Il coûte 500 euros par trimestre pour être utilisé dans le cadre d’un traitement de sclérose en plaques.
“L’industrie pharmaceutique n’est guère favorable au cannabis à effet thérapeutique”, note Colombera.” Il ferait disparaître six à sept medicaments très rentables”.
La fumette est-elle réellement un remède à toutes les douleurs?
“Attention! Le cannabis à effet thérapeutique ne doit être fumé, ce qui créerait d’autres problématiques, respiratoires par exemple! Il peut se prendre en inhalations, en suppositories…C’est un calmant, un antidouleur assez efficace. Il permet d’améliorer nettement la prise en charge de malades cancéreux, par exemple. Et surtout, il n’a pas d’effets secondaires que produisent tous les autres medicaments.”
D’après les scientifiques qui y sont favorables, il est efficace contre les nausées et les vômissements, l’anorexie et la cachexie, les spasmes, les troubles du movement, les douleurs, le glaucome, l’épilepsie, l’asthme, la dépendance et l’état de manqué, les symptomes psychiatriques, la depression…
Le Canada, l’Australie, les Pays-Bas, le Royaume- Uni, la Nouvelle- Zélande, l’Espagne, l’Allemagne et la moitié des USA l’autorisent dans cette mesure.
Article paru dans le “ Jeudi ” du 5 mai 2016 écrit par Thierry Nelissen.